Jongler entre maternité et entrepreneuriat est un défi que plus d’une aura à relever au courant de son cheminement professionnel. Bien que j’aie déjà effleuré le sujet au sein de diverses entrevues dans le passé, je tenais à dédier une entrevue complète à la question.

Aujourd’hui, j’ai le grand bonheur de vous présenter le parcours d’une amie qui m’est bien chère. Je vous présente le parcours de Valentina Gancia-Godoy.

Nutritionniste et passionnée du sport, Valentina est cofondatrice de la firme de consultation en nutrition sportive Endorphine Nutrition, une entreprise située à Montréal.

De plus, elle est aussi cofondatrice de Tryonix, un organisme à but non lucratif qu’elle a démarré avec son conjoint il y a quelques années. Comme si ce n’était pas assez, Valentina est aussi une athlète de triathlon et, tout nouvellement, une maman.

J’ai eu la chance de rencontrer Valentina lors de mes études en entrepreneuriat. Ayant démarré son entreprise quelques mois avant son accouchement, on peut dire que j’ai eu l’occasion de voir l’idée d’entreprise germer au même rythme que le petit pou dans sa bedaine !

Aujourd’hui, je la retrouve pour la première fois depuis son accouchement pour discuter de son quotidien.

Valentina Gancia-Godoy Dt.P.
Valentina Gancia-Godoy Dt.P.Diététiste - Nutritionniste
Endorphine Nutrition Sportive | www.endorphinenutrition.com

Bonjour Valentina !

Premièrement, peux-tu me décrire ton parcours professionnel depuis tes débuts dans le monde de la nutrition ?

À la base, je ne pensais pas travailler dans le monde de la nutrition. J’ai débuté mes études universitaires avec un baccalauréat en design d’intérieur. Après quelque temps, je me suis mise à avoir des doutes importants, ne m’étant pas vraiment laissé la chance d’explorer les différentes avenues lorsque j’étais plus jeune, je m’étais embarquée dans le monde de l’architecture sans trop me questionner.

J’ai toujours eu un intérêt pour le monde de la santé, j’ai donc voulu rediriger ma carrière vers la nutrition. Ça n’a pas été facile pour moi au départ, n’ayant pas les notes suffisantes pour rentrer dans ce programme. C’est pourquoi j’ai dû faire une première année en kinésiologie.

J’ai toujours rêvé d’être entrepreneure, d’ailleurs, Endorphine Nutrition est ma troisième entreprise. J’ai ouvert ma toute première à 21 ans, ayant suivi ma formation pour devenir entraineur privé, je travaillais à mon compte pendant mes études universitaires.

À la sortie de mes études en nutrition, je suis partie deux mois en Australie. Évidemment, j’ai pris le temps de profiter de mon voyage, mais j’en ai aussi profité pour préparer le lancement de ma deuxième entreprise. Lorsque je suis revenue de mon voyage, j’étais prête à lancer mon entreprise de services de nutritionniste.

Pour ce qui est d’Endorphine Nutrition, j’ai commencé à monter le projet avec mon associée Karine en novembre 2017 et en mars 2018 on lançait l’entreprise !

Le sport et la santé semblent être des notions omniprésentes au sein de tous les projets que tu entreprends, d’où t’es venu cet amour pour le sport et la santé ?

Tout ça me vient de ma mère. Lorsque j‘étais plus petite, tous les soirs d’été nous allions marcher ou faire des tours à vélo. De plus, dans mon enfance, j’étais toujours inscrite à des activités physiques. J’étais très timide à l’école et cela me permettait de dépenser mon énergie.

Dans toutes les étapes de ma vie, le sport a été présent. Faire du sport m’a aidée à surmonter les défis que j’ai eu à affronter. C’est aujourd’hui que je me rends compte que tous mes projets tournent autour du sport.

Tu mentionnes le fait que tu étais déjà en affaires avant de lancer Endorphine Nutrition, pourquoi avoir décidé de quitter le travail autonome pour démarrer un nouveau projet avec une associée ?

Travailler toute seule, c’est long.

En plus, j’avais (et j’ai toujours) de grandes ambitions pour l’entreprise. Je ne pouvais pas accomplir tout le travail toute seule, j’avais besoin d’une coéquipière dans l’aventure. J’ai eu la chance de trouver la coéquipière que je cherchais dans une stagiaire que j’avais embauchée alors que j’étais travailleuse autonome. Karine et moi avons une belle complémentarité et une vision similaire de la réussite pour notre entreprise.

La totalité de la préparation et de la mise sur pied, y compris le lancement d’Endorphine Nutrition s’est fait pendant ta grossesse. Comment as-tu vécu l’expérience ?

Le tout s’est fait très rapidement. J’avais pris la décision d’aller suivre une formation en entrepreneuriat à l’automne 2017 et ça a accéléré le processus de création de l’entreprise. Je dirais que ce qui m’a le plus aidée dans tout ça, c’est que j’ai pu avoir une structure avec laquelle travailler. Lorsque je me lançais auparavant, je commençais immédiatement sur le site web et le look de l’entreprise, les choses que j’aimais faire, alors que je passais tout droit à bien des étapes préalables.

Pour Endorphine Nutrition, ça a été différent. Nous avons réalisé chacune des étapes une par une et notre plan d’affaires est beaucoup plus solide maintenant. Nous sommes ravies de la croissance actuelle de l’entreprise et c’est en partie grâce à la formation. Nous avons étudié notre niche et développé une solution qui répond vraiment aux besoins de nos clients.

Malheureusement, nous n’avons pas réussi à tout faire ce que nous avions prévu avant mon accouchement. Nous restons très fières de nos avancements, l’important c’est que l’entreprise soit en marche et que l’on serve nos clients.

Quel rôle a joué ton associée durant cette période, comment qualifierais-tu sa présence et son soutien dans ce projet ?

Avant mon accouchement, même si j’étais un peu plus fatiguée, j’ai travaillé à rencontrer beaucoup de clients. J’ai donné beaucoup d’énergie à structurer l’entreprise alors que Karine terminait ses études. Aujourd’hui, c’est elle qui donne plus pour l’entreprise alors que j’ai mon enfant.

Karine s’implique beaucoup au niveau du développement d’affaires et de la gestion. Elle décroche de nouveaux partenariats et permet à l’entreprise de continuer à grandir malgré mon absence.

Malgré le fait qu’elle soit très compréhensive et que nous ayons une bonne communication au quotidien, j’ai dû apprendre à gérer le sentiment de culpabilité que cette situation m’a créé. Ça m’arrive d’avoir l’impression qu’elle fait toutes les tâches reliées à la croissance de l’entreprise, mais je sais que notre implication au niveau de l’entreprise va se rééquilibrer dans le futur.

Quel a été le rôle de ton conjoint durant cette période et son rôle a-t-il évolué depuis que Matéo a vu le jour ?

Du point de vue professionnel, Francis me soutient et s’occupe de Matéo alors que je travaille à la clinique. Il est lui-même bien occupé avec son emploi et son implication au sein de Tryonix.

Grâce à son congé de paternité, je pourrai retrouver un certain équilibre. Avoir quelqu’un pour s’occuper de Matéo va me permettre de réinvestir du temps dans l’entreprise et d’avoir un peu de temps seule pour travailler.

Est-ce que la naissance de ton premier enfant a changé ta vision de l’entrepreneuriat et des objectifs de vie ?

C’est certain que cela a eu un impact, toutefois, cela n’a pas changé la vision que j’avais du succès.

Je veux réussir en tant que mère et en tant que femme d’affaires. Quand tu es entrepreneure, ton entreprise devient ton bébé, tu lui consacres tout ton temps et tes énergies. Si ma ligne d’arrivée reste la même, j’ai maintenant deux fois moins de temps à consacrer à mon entreprise puisqu’il ne s’agit plus de mon seul bébé. (Rires)

Je pense qu’il est possible d’avoir autant de succès avec ou sans enfant. Les moyens pour arriver devront simplement être différents comme j’ai besoin de plus de temps et de ressources pour y parvenir.

Par exemple, chaque lundi, pour pouvoir travailler sur mon entreprise, je vais travailler chez mes parents qui s’occupent du petit et me l’apportent uniquement pour le nourrir. J’ai donc ma journée et l’esprit en paix pour travailler, ça m’aide beaucoup.

En plus, je trouve que ce petit être me force à conserver un certain équilibre de vie et à bâtir ma valeur personnelle sur autre chose que la réussite de mon entreprise. Il m’a forcée à développer cette fameuse conciliation travail-famille que je réussis à maintenir en gérant mieux mon horaire.

Le sujet de la conciliation travail et famille vous intéresse?

Nous en discutons avec Jessica Champagne dans le cadre de notre dernière entrevue:  Marketing de réseau et pratique professionnelle

Tryonix est un organisme à but non lucratif que tu as fondé avec ton conjoint il y a quelques années. Peux-tu m’expliquer ce que représente ce projet à tes yeux ?

Tryonix est un organisme que Francis et moi avons bâti pour permettre aux jeunes de Montréal de pratiquer le triathlon, et ce, à prix réduit. D’un sens, il s’agit de notre premier bébé en tant que couple ! (Rires)

Actuellement, je suis encore impliquée dans le projet, mais en arrière-plan. La cause et le projet Tryonix me tiennent à cœur. Cependant, pour continuer à m’impliquer nous avons dû faire des compromis. Depuis sa fondation, nous étions tous deux impliqués dans le conseil d’administration de l’organisme et j’ai dû faire le choix de sortir du CA comme cela représentait plus de responsabilités que je pouvais en prendre.

Mon conjoint, lui, continue de s’impliquer dans l’organisation. Bien qu’il soit actuellement le principal responsable au niveau de la gestion, il cherche à s’impliquer de plus en plus auprès des jeunes. Nous sommes encore à la recherche de personnes-clés pour nous aider dans la gestion de l’organisme.

En plus de toutes les obligations entourant ton rôle d’entrepreneure et de mère, tu pratiques le triathlon et tu t’entraines plusieurs heures par semaine. Comment arrives-tu à te consacrer aussi sérieusement au sport ?

Que ce soit pour le sport, la nutrition ou ma santé en général, j’écoute les signaux que mon corps m’envoie. Si ses signaux me disent d’aller me goinfrer dans de la grosse poutine, je me goinfre ! (Rires) Blague à part, comme dans chaque aspect de la vie, tout est une question d’équilibre. De l’équilibre qui nous convient le mieux.

Je suis passionnée de sport, j’en ai besoin pour bien fonctionner. Évidemment, je ne m’entraîne pas avec la force que je le faisais avant mon accouchement, je laisse la chance à mon corps de récupérer. Pour l’instant, je marche tous les jours et je pratique la cardio-poussette deux fois par semaine. Je crois que ce genre de programmes est très intéressant puisqu’ils sont faits spécifiquement pour les jeunes mamans. On peut facilement adapter les exercices à notre condition.

Ma solution pour me permettre d’avoir assez de temps a été de rapidement établir une routine à la suite de mon accouchement. Ça n’a rien de miraculeux ou de bien innovant, j’ai mon agenda papier et si c’est noté à mon agenda, je le fais !

Finalement, que peut-on souhaiter à Valentina Gancia-Godoy, à Endorphine Nutrition et à Tryonix pour les prochaines années ?

Pour Endorphine Nutrition, je nous souhaite une belle croissance. Nous avons toutes deux envie d’amener l’entreprise à un autre niveau, nous voulons devenir une référence en ce qui a trait à la nutrition sportive au Québec et nous sommes prêtes à investir l’énergie nécessaire pour y arriver.

Pour Tryonix, on souhaite plus de jeunes, nous voulons augmenter notre visibilité et faire connaître notre mission pour générer plus d’impact et en aider davantage. Nous sommes motivés, mais il nous faut plus de ressources pour arriver à atteindre nos objectifs !

À la maman et au bébé, eh bien, on souhaite le repos et la santé pour mener tous ces beaux projets ! (Rires)

Merci Valentina !