En contexte de pratique privée, la communication est présente tout autour de nous. Il s’agit d’un outil que nous utilisons tous les jours et dont on sous-estime souvent l’importance. Que ce soit en vulgarisation auprès de clients, dans le cadre de notre pitch de vente ou bien dans notre marketing au quotidien, la communication est partout. Vaut donc mieux s’en faire une alliée.

Cette semaine, j’ai donc décidé de discuter avec une pro de la com : Alexandra Harfouche.

Elle nous offre de précieux conseils que nous pourrons toutes et tous appliquer dans le cadre de notre pratique !

Alexandra est titulaire d’un baccalauréat en psychologie de McGill et d’une maîtrise en interprétation de la York University. Alexandra est interprète de conférence et traductrice à son compte depuis plus de deux ans maintenant. Durant ses études, elle travaillait déjà à temps partiel pour réaliser divers contrats de traduction et de rédaction. Sans l’ombre d’un doute, Alexandra a su se faire remarquer et aujourd’hui elle fait parler d’elle et elle parle à travers le monde entier.

Derrière ce nuage de boucles brunes se trouve une femme ayant eu la chance de dialoguer avec des individus de différentes cultures, et ce, à travers le monde. Des mécaniciens en formation aux différents chefs autochtones dans le cadre de ses interventions à l’ONU, Alexandra a aussi eu la chance d’évoluer auprès de chefs d’entreprise et de politiciens influents.

Aujourd’hui, Alexandra est ici pour nous offrir ses conseils et pistes de solutions afin de mieux communiquer dans le cadre de nos activités professionnelles. En effet, pour bâtir notre crédibilité et accroître notre visibilité, nous devons continuellement adapter notre langage et notre manière de communiquer. Que ce soit dans la vulgarisation auprès de nos clients ou dans l’argumentation avec nos collègues, la communication est un outil essentiel pour les professionnels en affaires.

Alexandra Harfouche
Alexandra HarfoucheTraductrice et interprète de conférence
www.alexandraharfouche.com

Bonjour Alexandra,

Premièrement, peux-tu nous éclairer sur la nature de tes services professionnels ?

Je suis traductrice et interprète.

Je travaille à titre d’interprète pour différentes organisations, cela m’amène à travailler dans tous les milieux. Je peux travailler au centre-ville de Montréal auprès de gens d’affaires, dans des usines auprès d’ouvriers et bien plus encore. Lorsque je suis sur place, mon travail est de traduire les échanges et les discours vers le français ou l’anglais. Au besoin, je suis aussi à l’aise de traduire vers l’espagnol.

Le travail de traductrice représente la majeure partie de mon travail. En tant que traductrice, je travaille principalement de la maison, je réalise des contrats de traduction sur divers sujets. Je fais de la traduction de textes juridiques, médicaux, publicitaires et bien d’autres.

Tu es titulaire d’un baccalauréat en psychologie, peux-tu nous parler de ton cheminement professionnel et de ce qui t’a menée vers le milieu de la communication ?

J’appréciais déjà énormément les langues quand j’étais adolescente. Alors que je réalisais mes études de 1er cycle en psychologie, je faisais des petites « jobines » de traduction à gauche et à droite pour me faire un peu de revenus.

Lorsque j’ai eu terminé mon baccalauréat, j’ai décidé de me tourner vers mon amour pour les langues. J’aimais la diversité et je ne voulais pas me diriger vers un domaine de communication trop spécialisé, je suis donc allée suivre un DESS en journalisme.

Malheureusement, lorsque je suis sortie des études, il n’y avait pas beaucoup d’emploi dans le domaine du journalisme et encore moins dans le domaine qui m’intéressait le plus : le journalisme international. J’ai occupé un emploi dans le domaine pendant quelques années, mais je me suis rapidement rendue à l’évidence; je ne voulais pas rester là bien longtemps.

Finalement, j’ai décidé d’aller faire la maîtrise en interprétation à Toronto et j’y ai découvert ma voie.

En quoi est-ce que ton bagage en psychologie te permet d’être meilleure dans le cadre de tes activités professionnelles ?

Je ne pourrais pas dire que cela fait de moi une meilleure personne au niveau de la psyché. (Rires)

Le principal avantage est au niveau de la rigueur dans mon travail. Le programme de McGill était très exigeant et j’ai gardé cette capacité à gérer une grande quantité d’informations. Aussi, le fait d’avoir lu de nombreux articles scientifiques en anglais m’a permis de perfectionner mon anglais.

Selon toi, qu’est-ce qui fait de toi une oratrice/communicatrice hors du commun ?

Pas facile comme question !

J’ai un peu de difficulté à me positionner sur la question. Je n’ai jamais été bien timide, je n’ai jamais dû me forcer à devoir surmonter le trac de devoir parler devant des gens. C’est une capacité innée pour moi. Cependant, c’est certain que si on a cette peur, il faut la surmonter pour réussir dans le milieu des communications. C’est en fait une peur de la critique et du jugement qui empêche les gens de s’exprimer.

De plus, je crois qu’il y a des aspects plus techniques qui rentrent en jeu comme la prononciation, l’articulation et le ton employé. Il y a des orateurs qui s’expriment toujours sur le même ton monocorde, je trouve que cela désintéresse le public. L’émotion est importante dans la voix. Pour ma part, c’est le théâtre qui m’a aidée à développer cet aspect.

L’art dramatique demande d’exagérer ses émotions, ça nous permet de mieux transmettre nos émotions et notre message lorsque l’on s’exprime par la suite.

L’une des premières choses à faire pour mieux communiquer est de bien connaître la personne à laquelle l’on compte transmettre notre message. Comment te prépares-tu lorsque tu dois t’adresser à un groupe d’individus que tu ne connais pas ?

Dans mon cas, c’est pour l’interprétation. Je me prépare en faisant des recherches sur le sujet dont il sera question lors de la rencontre et sur les différents enjeux connexes.

Par exemple, lors de mon dernier contrat, j’ai été amenée à interpréter lors d’une discussion sur les relations commerciales entre le Canada et la Chine. Si je ne me prépare pas, je ne saurai pas de quoi il va être question lors des échanges. Je vais avoir du mal à choisir les bons termes et à comprendre l’environnement dans lequel la discussion a lieu.

Bref, lire sur le sujet, savoir à qui nous avons affaire et maîtriser son sujet sont les clés pour ne pas être déstabilisés lors de questions ou de commentaires.

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Quels sont tes conseils pour mieux vulgariser, et ce, tant à l’écrit qu’à l’oral?

Pour ce qui est de l’écrit, je dirais qu’il faut éviter les phrases trop longues. Même si la langue française nous permet des phrases complexes avec beaucoup de subordonnées, cela peut facilement désintéresser le lecteur. Aussi, il est important de ne pas chercher à utiliser de la terminologie trop complexe. Même si utiliser des mots compliqués nous fait triper ! (Rires)

À l’écrit comme à l’oral, je dirais qu’il est très important d’avoir un registre adapté à son public. De plus, je conseillerais d’utiliser des analogies pour illustrer nos propos. J’ai utilisé ce truc à maintes reprises alors que j’enseignais le français à des enfants et adultes et cela facilitait toujours mes explications.

Dans le cadre de tes services d’interprète, tu es souvent amenée à réaliser tes services en direct devant ton public, ce qui peut aussi être le cas d’un professionnel lors d’un pitch de vente par exemple. Comment gères-tu la peur de l’erreur et l’anxiété de performance ?

J’ai eu la chance de pratiquer beaucoup dans le cadre de ma formation. Avec tout le retour critique que j’ai reçu de mes pairs, je me suis améliorée et ça m’aide à gérer le stress.

Pour ceux qui pratiquent en solo et qui n’ont pas accès à ce retour critique, tout revient à la préparation. Lorsque l’on est bien préparé, on n’a pas besoin d’improviser nos connaissances ou de broder autour de notre sujet. Après quoi, il ne reste plus qu’à se lancer.

Il m’arrive encore de bloquer en plein discours ou d’éprouver des difficultés. Je me souviens, j’étais à Toronto sur une immense scène et je me suis enfargée dans mes notes devant tout le public. Pour moi, la solution a été de faire une petite pause humoristique et de recommencer. Pour le public, ça permet d’humaniser la personne sur scène.

De plus en plus de professionnels se lancent sur le web. Quels sont tes conseils pour évoluer sur la toile ?

Je ne peux pas vraiment parler de stratégies en lien avec les blogues. Cependant, je peux parler de réseaux sociaux, plus précisément de Facebook et LinkedIn. Je suis cofondatrice d’un groupe Facebook qui regroupe des traducteurs et interprètes indépendants à travers le Canada. Pour moi, un tel groupe me permet de rester au courant des différentes tendances dans l’industrie. Je deviens aussi une certaine référence dans le domaine et ça me permet d’aller chercher quelques contrats.

Pour ce qui est de la rédaction de contenu, je suis active sur LinkedIn. En fait, j’écris des articles que je publie de temps à autre sur la plateforme. Je publie principalement sur des sujets d’actualité dans le monde de la traduction et des sujets connexes.

Je ne sais pas trop comment, mais ces articles m’offrent une certaine visibilité et j’ai réussi à aller chercher de bons contrats grâce à cette plateforme ! (Rires)

Pour rédiger, mes conseils sont assez simplistes. Je conseille de démarrer sa rédaction avec un plan, mais je dois avouer que moi-même, je ne le fais pas toujours !

Démarrer un article en définissant ses principales idées puis en brodant autour est une très bonne manière de rédiger. C’est la même technique que celle qu’on apprend au secondaire ! Cependant, comparativement aux dissertations que l’on faisait à l’école, il ne faut pas rédiger notre article en introduisant d’une manière large. Il est mieux de mettre l’information la plus importante au début de l’article pour accrocher le lecteur et l’encourager à lire s’il veut en savoir plus.

Merci de tes précieux conseils, je finirai avec une dernière question : qu’est-ce que le succès à tes yeux ?

Le succès pour moi, c’est de faire ce que j’aime. Je trouve l’expression clichée, mais pour moi, c’est réellement la clé. J’aime mon travail et ça se sent. Je ne crois pas qu’il faille tous devenir entrepreneur pour aimer notre travail. Que l’on soit salariée ou pas, l’important, c’est que le travail nous motive et fasse ressortir le meilleur de notre personnalité.

Dans un ancien emploi, je ne me sentais pas à ma place, je n’avais pas de plaisir, je ne parlais à personne; bref, je n’étais pas moi-même. Aujourd’hui, je peux dire que je suis moi-même, que je suis épanouie; c’est ça le succès.

Merci Alexandra !

Alexandra HarfoucheTraductrice et interprète de conférence
www.alexandraharfouche.com